Après Chinguetti, Ouadane et Tichitt, la ville historique de Oualata accueille en 2014 la 4è édition du Festival des Villes Anciennes.
Posée à l'extrême sud est de la Mauritanie, à 40km de la frontière malienne, Oualata surnommée "rivage de l'éternité" était au XVe siècle une grande cité caravanière. Point névralgique du commerce transsaharien des caravanes, pépinière de savants, héritière de Tombouctou.
Depuis le petit aéroport de Néma, il faut trois heures de piste pour arriver au pied de ce lieu mythique. Le ksour, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, est un dédale de ruelles et de magnifiques maisons en pierres et en banco recouvert d'argile ocre, peintes et sculptées pas les femmes noires du village, les Harratines. En son centre se niche la petite bibliothèque qui abrite des manuscrits anciens d'une valeur culturelle inestimable.
Dès le matin les festivités s'entrecroisent : courses de dromadaires, chants et musiques traditionnelles, concours de pétanque, petit marché artisanal. Et c'est à la tombée de la nuit que les hommes, vêtus de cette magnifique djellaba blanche bleutée, et les femmes, jouant de leurs voiles colorés (melafa), se retrouvent devant la grande scène pour écouter les concerts d'ardin et de luth ou se laisser hypnotiser par la voix des poètes. En Mauritanie la poésie est patrimoine national, on la récite, on la chante, on l'écrit.
Au milieu du Sahel, dans ce décor de couleurs, de chants, de sable et de lumière, l'hospitalité des habitants est aussi douce et surprenante qu'une finale de pétanque en plein désert. Il n'est pas nécessaire de chercher un "bar" pour boire un thé, car à Oualata "nos maisons sont ouvertes à tous", nous lance Abdelraman tout en nous invitant d'un geste à entrer dans l'éclatante cour intérieure de sa maison.
En écho à ce lien historique et bienveillant qui unit les mauritaniens et les français, il y a, juste à l'extérieur de Oualata un tout petit cimetière d'une quinzaine de tombes. Parmi elles reposent quelques jeunes soldats français enterrés là en 1916. Oubliés de tous, sauf des mauritaniens qui entretiennent régulièrement les tombes de l'avancée du désert afin que celles-ci ne disparaissent pas à jamais..

Miracle de trois puits, fable vivifiée / Où le sang devient sable en un céleste accord / Relai de caravane où fleurit le Trésor / Rivage éternité pas de l'eau refusée / Demeures enrobées d'un crépit rouge-brun / Peinture aux doigts des femmes en arabesques blanches / Carré de pierre noire on la touche à la main.
- Oualata / poème mauritanien -

Exposition au Festival Le Grand Bivouac d'Albertville (2017)